La réindustrialisation de la France : une chance et un danger pour nos jeunes
De la nationalisation des entreprises dans les secteurs clés de l'économie, au fait de privilégier les produits français dans les commandes publiques, en passant par la création de services publics de l’énergie et du médicament via la nationalisation des grandes entreprises de ces secteurs, chacun des 12 candidats à l’élection présidentielle a émis des propositions visant à réindustrialiser la France.
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Tout le monde est d’accord : il faut réindustrialiser la France
En effet, la crise sanitaire a d’abord mis en exergue la dépendance de la France aux importations ; le modèle industriel qui a prévalu depuis les années 80, visant à fragmenter les processus de fabrication à l’échelle de la planète pour bénéficier d’une main d’œuvre bon marché , a montré ses limites. Les difficultés d’approvisionnement ont sensibilisé l’ensemble des acteurs à la nécessité de relocaliser certaines industries clés. La prise de conscience environnementale fait par ailleurs désormais partie des nouvelles priorités industrielles.
Le gouvernement avait déjà annoncé un « choc de réindustrialisation » ou la « cinquième révolution industrielle », pour traduire sa détermination à faire revenir les usines en France. La dépendance énergétique mise en lumière par la guerre en Ukraine conforte les candidats dans leurs propositions visant au retour d’une souveraineté industrielle.
De fait, au cours des cinq dernières années, 646 usines ont été créés pour 486 fermetures, selon le cabinet Trendeo. et les délocalisations ont significativement ralenti.
Les jeunes et apprentis les plus exposés aux risques d’accident
La réindustrialisation, qui devrait s’amplifier dans les années à venir selon les déclarations des candidats, ne doit pas occulter une préoccupation majeure étroitement liée à l’emploi industriel : l’accidentologie sur le lieu de travail. En effet, 540.000 accidents du travail ont été comptabilisés en 2020 hors accidents de la circulation, dont 550 ont été fatals. Si les accidents du travail ont nettement diminué entre 2000 et 2010, le nombre d’accidents mortels s’est en revanche stabilisé depuis 2010. Et une part importante des accidents graves et mortels se produit au sein des sites industriels.
Le 14 mars dernier, le ministère du Travail, de l’emploi et de l’insertion a publié un document intitulé « Plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortel », présentant une feuille de route en la matière jusque 2025. La lutte contre les accidents du travail graves et mortels constitue l’axe transversal du quatrième Plan santé au travail (PST 4) présenté en décembre dernier, et défini conjointement par les acteurs concernés dans le monde du travail : pouvoirs publics, syndicats et organisations patronales, médecine du travail…
Les salariés tués par des accidents du travail se caractérisent par une faible expérience et une certaine précarité professionnelle : il s’agit en particulier de jeunes salariés, nouvellement embauchés, fréquemment intérimaires, indépendants ou en détachement, qui peuvent être insuffisamment formés et sensibilisés aux risques professionnels.
Le plan se focalise également sur les TPE et PME, dont les ressources en termes de prévention sont moindres, et les structures intéressant la sécurité au travail moins systématisées : procédures d’évaluation, dialogue social…
Comment limiter les risques d’accidents graves ?
Compte tenu de ces constats, quatre axes ont été définis pour faire chuter significativement le nombre d’accidents graves : protéger les jeunes salariés et les nouveaux embauchés, accroître la mobilisation auprès des travailleurs les plus vulnérables, renforcer l’accompagnement les TPE/PME et approfondir la connaissance pour mieux cibler les actions.
« La détermination des pouvoirs publics à rendre effectifs ces axes d’amélioration devra se montrer à la hauteur de son engagement à relocaliser l’industrie en France, sauf à prendre le risque de voir flamber le nombre d’accidents du travail graves et mortels auprès de nos jeunes et de nos apprentis.. Cette réalité doit également inciter les entreprises à garder davantage leurs seniors pour davantage transmettre. » déclare Emilie Meridjen, responsable du département droit du travail chez Sekri Valentin Zerrouk.
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